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D' Aubigneé, Theodore-Agrippa - 06 LIVRE VI.— VENGEANCES
Identifier
028946
Type of Spiritual Experience
Background
A description of the experience
LIVRE VI. — VENGEANCES.
Invocation du poëte au Dieu de douceur et de bonté. Il n’a pas cette sagesse que donnent les années; il n’est encore qu’un enfant en qui « fleurit un printemps de péchés », il a besoin de voir purifier sa jeunesse première, afin d’être digne de sa tâche. — Qu’on n’attende pas ici de lui des nouveautés, le Seigneur renvoyait les scribes et les pharisiens aux enseignements de l’Ancienne Alliance; il fera de même, montrant d’abord les tyrans du peuple de Dieu et leurs châtiments, puis ceux de la primitive Église, enfin ceux de notre âge, qui n’ont pas été traités d’une façon moins exemplaire. — Voici donc le premier meurtrier, Caïn, et le premier martyr, Abel; et voici la première vengeance qui poursuit Caïn, effroyable, implacable.
Voici le grand déluge qui punit la perversité des enfants des hommes ; la confusion des langues qui flagelle leur outrecuidance ; le feu du ciel qui foudroie leurs abominations. C’est tour à tour Saül, David, Absalon, Achitophel et Achab, Jézabel et Athalie ; c’est le tyran Nabuchodonosor, et son petit-fils Balthasar, qui viennent témoigner de la céleste justice, de cette justice qui a pour instruments un Chérub, un Sennachérib, une Esther, — la force dont elle se joue, — la faiblesse, qu’elle rend plus puissante que les puissants. — Passons à l’Eglise naissante : c’est Hérode, le massacreur des innocents ; Néron, l’incendiaire de Rome; Domitien, le cruel; Adrien, le crucificateur; Sévère, son émule ; Valérien, l’exécrable; Maximien, Maximin, Julien, et la bande de leurs successeurs et imitateurs, dont la méchanceté trouva sa récompense. — Nous arrivons à ce siècle de la renaissance évangélique, qui est le siècle courant, et qui offre aux élus autant de cruautés et d’épreuves de toute sorte, « qu’aux trois mille ans premiers de l’enfance du monde, qu’aux quinze cens après de l’Eglise seconde. » L’archevêque de Cantorbéry, Arundel, qui tourmenta Wiclef et les Lollards; le comte Félix, Mesnier (le baron d’Oppède), le chancelier du Prat, le conseiller l’Aubepin, l’archevêque de Tours, Etienne Poncher, l’évêque Castellan, le docteur Picard, l’inquisiteur Lambert, tous rivaux de persécution, ont senti la rigueur de Dieu. Viennent ensuite ceux qu’il nous a été donné de voir de nos yeux, un Bezigny, un Cosseins, un maréchal de Tavannes, un maréchal de Raiz, par-dessus tout un damné cardinal, celui de Lorraine. Ils ont eu, tous ces bourreaux couverts de sang, une fin épouvantable et digne de leurs exploits. — Telle est la justice souveraine, en ses rétributions tardives, mais infaillibles. Elle assigne à chacun la part qu’il s’est faite et qu’il a méritée. Combien d’exemples encore tout récents montrent, en traits éclatants, ce Dieu, juste vengeur, tel qu’il fut en tout temps !